Ce poème est un peu long, mais je vous encourage vivement à le lire jusqu'au bout. Toutes celles qui aiment la nature s'y retrouveront... Et puis il n'est pas de n'importe qui !
L'église
J'errais.
Que de charmantes choses !
Il
avait plu ; j'étais crotté ;
Mais
puisque j'ai vu tant de roses,
Je
dois dire la vérité.
J'arrivai
tout près d'une église,
De
la verte église au bon Dieu,
Où
qui voyage sans valise
Écoute
chanter l'oiseau bleu.
C'était
l'église en fleurs, bâtie
Sans
pierre, au fond du bois mouvant,
Par
l'aubépine et par l'ortie
Avec
des feuilles et du vent.
Le
porche était fait de deux branches,
D'une
broussaille et d'un buisson ;
La
voussure, toute en pervenches,
Était
signée : Avril, maçon.
Dans
cette vive architecture,
Ravissante
aux yeux attendris,
On
sentait l'art de la nature ;
On
comprenait que la perdrix,
Que
l'alouette et que la grive
Avaient
donné de bons avis
Sur
la courbure de l'ogive,
Et
que Dieu les avait suivis.
Une
haute rose trémière
Dressait
sur le toit de chardons
Ses
cloches pleines de lumière
Où
carillonnaient les bourdons.
Cette
flèche gardait l'entrée ;
Derrière
on voyait s'ébaucher
Une
digitale pourprée,
Le
clocheton près du clocher.
Seul
sous une pierre, un cloporte
Songeait,
comme Jean à Pathmos ;
Un
lys s'ouvrait près de la porte
Et
tenait les fonts baptismaux.
Au
centre où la mousse s'amasse,
L'autel,
un caillou, rayonnait,
Lamé
d'argent par la limace
Et
brodé d'or par le genêt.
Un
escalier de fleurs ouvertes,
Tordu
dans le style saxon,
Copiait
ses spirales vertes
Sur
le dos d'un colimaçon.
Un
cytise en pleine révolte,
Troublant
l'ordre, étouffant l'écho,
Encombrait
toute l'archivolte
D'un
grand falbala rococo.
En
regardant par la croisée,
Ô
joie ! on sentait là quelqu'un.
L'eau
bénite était en rosée,
Et
l'encens était en parfum.
Les
rayons à leur arrivée,
Et
les gais zéphirs querelleurs,
Allaient
de travée en travée
Baiser
le front penché des fleurs.
Toute
la nef, d'aube baignée,
Palpitait
d'extase et d'émoi.
—
Ami, me dit une araignée,
La
grande rosace est de moi.
Merci Monsieur Hugo pour ce magnifique poème...
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